Il y a des restaurants qui sont des institutions au point qu’on s’y rend les yeux fermés.
A Bordeaux, la brasserie Le Noailles fait partie de ceux là. Et elle a tout pour plaire. Un emplacement sur l’une des artères les plus prestigieuses de la cité, les allées de Tourny, presque face au Grand-Théâtre. Une déco qui n’a pas changé depuis les années 1930. Des serveurs habillés comme des serveurs: noeud de papillon, chemise blanche, pantalon et gilet noir, grand tablier blanc. Un côté joyeux bordel avec ses mêmes serveurs « à l’ancienne » à la fois franchement sympas et serviables tout en étant « gouailleurs » (comme le dit avec justesse une critique internet). Joyeux bordel aussi avec ses tables les unes à côtés des autres qui fait que l’on participe tant à la conversation du voisin que lui à la votre. Oui bon on vient pas là pour avoir de l’intimité …
Suivant les bons conseils de mon ami, nous avions pu déguster un foie de veau accompagné de frites maisons (servi presque à volonté quand même!) et de cèpes frais pour la circonstance! Suivi d’une pêche melba pour lui et d’un financier framboise-pistache pour ma pomme. Le tout arrosé d’une bonne bouteille de Pessac-Léognan: château Luchey-Halde. Ainsi notre discussion trop sérieuse (la politique, sa femme, la Belgique et Knocke-Le Zoute, les chevaliers, ses enfants…) pu être ponctuée régulièrement de superficiels « hum », « c’est délicieux », « c’est une merveille »…
Je crois qu’à moment donné je n’écoutais plus. J’ai du m’en excuser. Je lui ai expliqué que d’un coup j’avais vraiment l’impression de me retrouver dans un dessin de Sempé … Mes divagations étaient tout excusées! Il ne manquait plus qu’un garçon charmant pour finir la soirée et recueillir les fruits de l’enivrement…
